On voit danser les saltimbanques ;
Sur les tréteaux rigides et les fils tirés
On voit danser les saltimbanques.
Lorsque le soir descend au cœur de la cité
Les lieux sont investis par les gens du voyage ;
Ils offrent à nos yeux, malgré l’obscurité,
Un spectacle grandiose au-dessous des nuages.
On peut voir s’élancer tout là-haut sur le fil
Le corps gracile et vif d’une étoile inconnue ;
Grisé par l’infini, petit oiseau subtil,
Ce prince voltigeur s’envole dans les nues.
Seul son corps est happé par un jet de lumière
Et ses sauts audacieux nous donnent le vertige ;
Nos cœurs sont angoissés mais notre âme est bien fière
De pouvoir admirer l’ange de la voltige.
Mais soudain un frisson vient glacer l’assistance ;
Dans un élan gracieux le petit corps chétif
Tel un astre déchu vient briser le silence :
Sa vie a basculé sur un cruel récif.
Tu gis abandonné tel une marionnette
Sur ce sol nourricier souvent érubescent ;
Ton visage poupin dans la mort si muette
Est resté imprégné d’un sourire innocent.
Enfouissant dans leur cœur leurs larmes et leurs peurs
Ils vont danser les saltimbanques ;
Gardant les yeux tournés vers les astres en pleurs
Ils vont sauter les saltimbanques.
22 Janvier 1970
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