mercredi 14 mars 2012

LE PETIT SALTIMBANQUE

De ville en village, tout au long de l’année,
        On voit danser les saltimbanques ;

Sur les tréteaux rigides et les fils tirés

        On voit danser les saltimbanques.



Lorsque le soir descend au cœur de la cité

Les lieux sont investis par les gens du voyage ;

Ils offrent à nos yeux, malgré l’obscurité,

Un spectacle grandiose au-dessous des nuages.



On peut voir s’élancer tout là-haut sur le fil

Le corps gracile et vif d’une étoile inconnue ;

Grisé par l’infini, petit oiseau subtil,

Ce prince voltigeur s’envole dans les nues.



Seul son corps est happé par un jet de lumière

Et ses sauts audacieux nous donnent le vertige ;

Nos cœurs sont angoissés mais notre âme est bien fière

De pouvoir admirer l’ange de la voltige.



Mais soudain un frisson vient glacer l’assistance ;

Dans un élan gracieux le petit corps chétif

Tel un astre déchu vient briser le silence :

Sa vie a basculé sur un cruel récif.



Tu gis abandonné tel une marionnette

Sur ce sol nourricier souvent érubescent ;

Ton visage poupin dans la mort si muette

Est resté imprégné d’un sourire innocent.



Enfouissant dans leur cœur leurs larmes et leurs peurs

     Ils vont danser les saltimbanques ;

Gardant les yeux tournés vers les astres en pleurs

Ils vont sauter les saltimbanques.



                      22 Janvier 1970












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