mercredi 21 mars 2012

UN DESTIN IMPOSE

Aujourd’hui j’ai gagné, mais que sera demain ?
Je suis comme un agneau seul dans la bergerie,
Comme un loup aux abois qui se meurt sans un cri,
Car les cieux ont repris les clefs de mon  destin.

J’ai découvert ma voie, le fil de l’avenir
Qui pouvait transformer mes jours en symphonie :
J’ai voulu entrouvrir la porte de sortie
Qui pouvait assouvir mes joies et mes désirs.

Mais le fil a cassé en fermant cette issue,
Quelqu’un a fracassé le miroir du bonheur :
Demain je n’irai pas sur les flots enchanteurs,    
Ma vie aura le goût d’une attente déçue.

Rien ne sert de crier j’ai perdu toute envie,
Rien ne sert de pleurer mon âme est asséchée ;
Pourquoi me rebeller quand se trouve ébréchée
Par tant de perfidie ma passion de ma vie.

Demain je gravirai la pente qui m’enlise
Dans un projet félon à mon cœur étranger ;
Mais un jour j’agirai pour tuer ce danger,
Je lutterai sans fin pour briser son emprise.

            11 Juillet 1970 

DES REVES D’AMOUR

Viens vite t’allonger tout près de ces fleurettes,
Boire en leur calice le nectar qui jaillit
Chaque matin pour être aussitôt englouti
Dans le berceau de leur vie féconde et secrète.

Libère ton esprit sur leurs flots ondoyants
Créés pour caresser ton corps fragile et beau,
Allonge-toi sans bruit près d’un frêle arbrisseau,
Sur la couche sauvage aux parfums chato

Viens transmettre à mon corps la fièvre qui t’enflamme,
Rapproche-toi de moi et dépose des fleurs
Sur mes lèvres glacées : fais vibrer de bonheur
Par tes fougueux baisers mon cœur qui te réclame.

Une force inconnue m’abreuve de ses feux
Et vient me dessiner le plus tendre mirage :
Celui de tes yeux bleus qui partent en voyage
Dans le fond de mes yeux fatigués mais heureux.

                 11 Mai 1970

CHRISTIANE OU L'AMITIE

Nous étions deux oiseaux épris de liberté,
Enfants du sud-ouest mais pas du même port,
Nous aimions toutes deux la chaleur de l'été
Mais les années passant notre univers est mort.

Il a fui nos présents emportant pour bagage
Tous nos jeux, nos combats, même notre jeunesse ;
Il a abandonné dans nos coeurs un nuage,
Fragile torrent, source de nos tristesses.

La trame de nos vies a pu nous enchaîner
A l'ombre d'un cachot glacial et sans clarté,
Mais l'intense douleur venue nous déchaîner
A dirigé nos pas vers notre liberté.

Les cieux ont transformé le cours de nos destins
Car nous avons senti la magie du soleil
Qui, en nous réchauffant, a dissous nos chagrins
Et nous a protégées même dans le sommeil.

Notre fraternité est comme un bel été
Qui reflète l'espoir d'un monde pacifié :
Nos deux coeurs veulent croire en la pérennité
De cette douce fleur que l'on nomme AMITIE.

                  4 Mai 1970

mercredi 14 mars 2012

ASTRE MAGIQUE

Une onde ailée survole l’immense prairie
Courbant les têtes légères des herbes folles

Vers la terre maîtresse où chaque jour périt

La note enfiévrée de la sève qui s’affole.



Mais un pur royaume de parfum et d’amour

Invite sur son lit de fleurettes mon corps

Lacéré par des coups l’entraînant chaque jour

Vers un sombre destin aux sinistres accords.



Tendrement allongée sur un tapis de fleurs,

Je mêle ma tristesse à leur sève trop douce

Et plonge mon regard pour voir les profondeurs

De ce sol maternel qui se pare de mousse.



Mon visage effleuré par des doigts magnétiques,

Baigné des pleurs perlés d’un matin de printemps,

Se retrouve attiré par un astre magique

Qui vient me protéger des malheurs et du temps.



                         28 Avril 1970

POEMES EN PLEURS

Poèmes d’antan vous êtes squelettes
Sous les crocs aigus de nos professeurs,

Les langues fourchues des mauvais prophètes,

Crayons malicieux des parfaits hâbleurs.



Adieu Vigny, Hugo et Lamartine,

Tous les secrets nés de votre génie

Gisent bien loin de la source divine

Où vous puisiez les sarments de la vie.



En me purifiant au feu de vos âmes

Ma soif d’évasion parmi vos écrits

Me fait chavirer sur l’ardente flamme

D’œuvres abreuvées par vos grands esprits.



Bonjour Rimbaud, Du Bellay ou Villon,

Jamais les démons n’ont pu me pourfendre

Ni m’inoculer ce curieux poison

Dont mon cœur a su toujours se défendre.



Vos ouvrages sont pour nous des présents,

Des flambeaux sacrés au x rythmes chantants :

Bien qu’ils soient la proie de vils sentiments

Leurs vers brilleront comme des diamants.



Chantres prestigieux aux songes prospères

Vous rimez l’amour, la fraternité,

Vous êtes l’espoir, le sel de la terre,

Les preux messagers de la liberté.



                   24 Avril 1970


















POMME D’AMOUR

Pomme d’amour illuminant les ondes
Brûle le fiel et les piques immondes

Qui hantent sans fin mon cœur éperdu,

Emplissent ma vie de malentendus.



Fais ruisseler sur mon humble visage

L’unique larme d’or née d’un mirage,

Viens m’inonder de ta pure clarté,

Fredonne-moi des airs de liberté.



Viens donc pincer les cordes de mon âme,

Fais assécher la source de mon drame

Qui a mis les scellés sur mes désirs :

La vie, mon torrent, va bientôt tarir.



Redonne aujourd’hui du bleu à mon rêve

Car la haine a détruit toute la sève

Qui draine l’espoir au fil de mes jours :

Soleil sois mon roi, ma pomme d’amour.



                   17 Mars 1970

LES FLEURS DE LA FRATERNITE

Ce matin l’arc-en-ciel a courtisé mon cœur
Dans un voile d’amour, de paix et de douceur ;

Il reflète gaiement dans le bleu de mes yeux

L’éternelle chaleur d’un astre merveilleux.



Dieu flamboyant, séduisant courtisan,

Tu mêles tes rayons au souffle de l’autan,

Tu épands sur mon corps et mon esprit obscur

L’onguent constellé d’or et parsemé d’azur.



Que ne puis-je rêver au-dessous de ton aile,

Fredonner la vertu de mon âme fidèle,

Apaiser à l’envi la fièvre qui m’agite

Et libérer enfin la rage qui m’habite.



Que ne puis-je à présent, palpitante et sereine,

Apprécier longuement les parfums qui m’enchaînent,

M’élever jusqu’au cœur de ta douce clarté

Et savourer le miel de ton éternité.



Dès demain je suivrai un tout autre chemin

Et je m’installerai dans le vaste jardin

Où je cultiverai des fleurs de liberté

Aux senteurs irisées de la fraternité.



                17 Mars 1970

LES ENFANTS DE LA BALLE

Dès leur arrivée triomphale
Au pied d’une vie sans répit
Ils savent déjà qu’aucun lit
N’attend les enfants de la balle.

Leur seule amie est la nature,
Leur cœur le sait depuis toujours,
Depuis que leurs Vieux fous d’amour
Ont pris les astres pour parure.

Alors a commencé l’exode
Pour des milliers de mal-aimés
Refusant d’être décimés
Tant leur espoir régit leur code.

Depuis longtemps ils ont compris
Que leur marche de déportés
Doit s’éteindre au seuil des cités
Où ils n’ont jamais eu d’amis.

Ces grands enfants au cœur sauvage
Nés dans la boue et le frimas
Voudraient obtenir ici-bas
Un champ d’amour en héritage.

Dès leur arrivée triomphale
Au pied d’une vie de dépits
Ils se sentent déjà maudits
Puisqu’ils sont enfants de la balle.

                   24 Février 1970




































MON FRERE

Pour toi mon frère bien-aimé
Je veillerai durant le jour

Et le soir j’irai allumer

Ta lampe bleue avec amour.

Un doux frisson parcourt mon corps

Depuis qu’un astre a envahi

Ta chambre pleine de trésors

Et de parfums doux et exquis.

Quand viendra l’heure du repos

Je laisserai courir mes doigts

Sur les touches d’un vieux piano

Dont chaque son éveille en moi

Un curieux et tendre mélange

De liberté et d’allégresse ;

Puis j’étreindrai de mes phalanges

Les notes chargées de tristesse

Pour échapper à mes tourments.

Quand l’océan empli d’étoiles

S’éveillera au firmament

Mon cœur hissera la grand-voile

Pour s’égarer dans la tendresse ;

Mais je reprendrai mon labeur

Quand seront dissipées l’ivresse

Et les effluves de bonheur.

Non, je n’ai jamais eu de frère,

Ni de piano même abîmé,

Et aujourd’hui mon cœur espère

Ne plus être le mal-aimé.



                  24 Février 1970


L’ADIEU AUX ESPRITS

Un souffle nocturne envahit mon âme
Persécutée par une source amère

Et mon esprit surchargé de misère

Sent fondre sur lui les ailes d’un drame.



Esprits donnez-moi la clef de ma cage,

Libérez mon cœur de cette atmosphère

Où quelque tyran se disant mon frère

M’a emprisonnée au cœur d’un orage.



Pourquoi montrez-vous tant d’indifférence ?

Pitié car l’amour se meurt en exil,

Pitié pour mon corps souvent en péril,

Pitié pour mes jours privés d’espérance.



Si votre dessein est de m’humilier,

Meurtrissez mes chairs, accablez ma vie,

Mais n’espérez point par cette infamie

M’entendre implorer un brin de pitié.



Je préfère encore étouffer l’espoir :

Il échappe encore à ses assaillants

Qui traînent mon cœur dessus les brisants ;

Esprits laissez-moi  franchir le miroir.



                         31 Janvier 1970


LE PETIT SALTIMBANQUE

De ville en village, tout au long de l’année,
        On voit danser les saltimbanques ;

Sur les tréteaux rigides et les fils tirés

        On voit danser les saltimbanques.



Lorsque le soir descend au cœur de la cité

Les lieux sont investis par les gens du voyage ;

Ils offrent à nos yeux, malgré l’obscurité,

Un spectacle grandiose au-dessous des nuages.



On peut voir s’élancer tout là-haut sur le fil

Le corps gracile et vif d’une étoile inconnue ;

Grisé par l’infini, petit oiseau subtil,

Ce prince voltigeur s’envole dans les nues.



Seul son corps est happé par un jet de lumière

Et ses sauts audacieux nous donnent le vertige ;

Nos cœurs sont angoissés mais notre âme est bien fière

De pouvoir admirer l’ange de la voltige.



Mais soudain un frisson vient glacer l’assistance ;

Dans un élan gracieux le petit corps chétif

Tel un astre déchu vient briser le silence :

Sa vie a basculé sur un cruel récif.



Tu gis abandonné tel une marionnette

Sur ce sol nourricier souvent érubescent ;

Ton visage poupin dans la mort si muette

Est resté imprégné d’un sourire innocent.



Enfouissant dans leur cœur leurs larmes et leurs peurs

     Ils vont danser les saltimbanques ;

Gardant les yeux tournés vers les astres en pleurs

Ils vont sauter les saltimbanques.



                      22 Janvier 1970












J’AI VINGT ANS

Hier j’ai dû rêver dans un lit accueillant
Sans jamais redouter cet univers sauvage

Qui pouvait chaque instant transformer en mirage

Mes célestes gardiens, protecteurs des enfants.



Hier a disparu cet auguste berceau,

J’ai grandi insensible aux attaques de haine

Et j’ai vite conquis ce rang de capitaine

Qui m’a permis de fuir sur mon divin vaisseau.



Tant de jours ont passé et de ma citadelle

Je scrute l’horizon pour voir le carrousel

Qui amène vers moi, comme un cadeau du ciel,

Celui que je voudrais avoir pour sentinelle.



Ce matin j’ai VINGT ANS et j’oublie les hivers

Qui m’ont ensorcelée car je cherche sur l’onde

Les traces d’un bonheur dont la source profonde

M’enchaîne à tout jamais à des êtres très chers.



                  20 Janvier 1970

L’APPEL AU POETE

Pourquoi hurler, pourquoi pleurer, pourquoi gémir ?
Nul ne réagira à tes cris douloureux ;

Demain tu entendras tes bourreaux démentir

Avoir brisé l’élan de ton coeur chaleureux.



Pourquoi veux-tu briser l’antre de tes entrailles ?

Pourquoi veux-tu gésir dessus ce sol obscur ?

Panse plutôt tes plaies, bâtis quelques murailles

Et laisse s’envoler ta plume vers l’azur.



Elève ton esprit jusqu’au clair firmament

Car il y brillera à l’abri du grand Astre ;

Ton cri sera alors comme un chuchotement

Qui mettra ton esprit à l’abri du désastre.



Danse et vole gaiement jusqu’au bout du mystère

Ton cœur est impatient de voir l’éternité ;

Poète laisse choir cette lourde atmosphère

Car l’homme a entaché notre fraternité.



                             19 Janvier 1970


PARADIS DES ENFANTS

Paradis enfantin tu m’ensorcelles
Malgré les hommes et leurs lois cruelles,

Tu embaumes mes nuits et métamorphoses

Ma sinistre vie en chants mélodieux :

Ton cœur attendri projette à mes yeux

Les rêves d’enfants que tu recomposes.



L’esprit apaisé par cette vision

J’invente aussitôt un plan d’évasion :

Il doit m’entraîner loin de ma prison

Vers un paradis rayonnant de fleurs

Où l’amour pourra effacer mes pleurs

Et emplir ma vie d’espoir à foison.



Courant et volant au-dessus des flots

On croirait filer sur un paquebot

Mené tendrement par un doux sultan :

Gai comme l’oiseau, empereur des cieux,

Ce charmant joueur ou prince audacieux

Me fait oublier mes tourments d’antan.



Comme un nouveau-né j’entre chaque jour

Dans un monde de mystère et d’amour,

Un temple serein de cœurs innocents

Qui m’offrent leurs bras radiés de tendresse.

L’homme est un enfant privé de jeunesse

Qui garde le cœur d’un adolescent.



                    13 Janvier 1970

POESIE EN DANGER

Implacables esprits assoiffés d’anarchie
Vous brisez le souffle de notre poésie :

Vous cherchez à imposer vos tristes pensées

En flétrissant l’éclat des écrits du passé.



Surréalisme ingrat tu nous hais et nous déchires,

Tu détruis nos espoirs pour asseoir ton empire

Et nos cœurs affamés de grandes évasions

Sont aussitôt saisis par d’étranges visions.



Demain j’échapperai à ta coupe sauvage,

Jamais je ne viendrai goûter à ton breuvage

Mais j’irai m’imprégner des ondes romantiques

Qui bercent les esprits de rêves poétiques.



Je m’y délecterai d’un bonheur partagé

Me laissant entraîner vers un port ombragé

Et je m’enivrerai d’étoiles scintillantes

Sous un ciel impérial aux couleurs chatoyantes.



Vole, vole mon cœur vers les astres en fleurs,

Vole jusqu’au zénith pour assécher tes pleurs :

Un vent y a semé des parfums agressifs

Pour éloigner de moi les penseurs corrosifs.



                10 Janvier 1970

JE VOUDRAIS

Je voudrais aller chanter dans les bois
                   Mais il pleut

Je voudrais aller  danser dans les bois

                   Mais il pleut.



Devrais-je me claustrer dessous le toit

De quelque prison triste et monotone

Et m’endormir pour ignorer le froid

Qui m’envahit dès qu’un vent m’éperonne ?



Je voudrais aller courir dans les bois

                   Mais il grêle

Je voudrais aller crier dans les bois

                   Mais il grêle.



Devrais-je subir le flot de détresse

Qui me submerge et m’oblige à souffrir

Ou plutôt briser le joug qui m’agresse

Et verse mes jours au camp du soupir.



Je voudrais aller dormir dans les bois

                   Mais il gèle

Je voudrais aller rêver dans les bois

                   Mais il gèle.



J’oublierai demain ces jours aux enfers

Passés à subir une cruelle loi

Et je combattrai tous les Lucifers

Qui m’ont enchaînée au quai de l’effroi.



Je vais donc chanter dans les bois

                Lorsqu’il pleut

Je vais donc rêver dans les bois

                Lorsqu’il pleut.


             18 Novembre 1969

dimanche 26 février 2012

BROUILLARD

Mon esprit cherche enfin à pourfendre la mort
Qui envahit sans bruit l’univers décadent ;
Mais lorsqu’un voile obscur dérive vers le port
Je me sens tiraillée par un rêve obsédant.

Un tumulte incessant tambourine mon cœur
Qui ne peut résister à l’assaut démentiel,
Mais j’espère qu’un jour un rayon de bonheur
M’offrira un destin aussi doux que du miel.

Cette exquise pensée cependant doit périr
Car nul ne parviendra à apaiser mon âme
Ni à me redonner la force de guérir
Face à un magicien destructeur et infâme.

Je ne désire point me jeter dans les flots
Mais si l’espoir se meurt et si l’amour me fuit
Dans un gouffre béant aux terribles sanglots
J’irai me fracasser quand renaîtra la nuit.

Aussitôt mon trépas je rejoindrai gaiement
Le temple mystérieux ruisselant d’allégresse,
Puis je m’exilerai dans ce havre clément
Où j’irai oublier l’objet de ma détresse.

Adieu vie sans saveur, adieu monde ambitieux,
Adieu vieux ennemis qui saccagez mon cœur,
Je pars emplie d’espoir vers de limpides cieux
Où sans aucun regret j’irai sécher mes pleurs.

                         17 Novembre 1969

L’AMOUR VAGABOND

Tombe l’obscurité sur mon corps assoupi,
Tombe l’épais brouillard sur le monde blafard,
Tombent les ténèbres sur le visage hagard
De l’être miséreux dont le cœur est transi.

Il s’enfuit sans espoir, seul, foulant des chemins
Qui l’attirent sans fin dans un grand tourbillon
Et son âme aveuglée, lynchée par Aquilon,
Vacille sous le poids de multiples chagrins.

Levant les yeux au ciel il scrute l’horizon
Et s’apprête à changer le cours de son destin
Car il veut s’abriter dans un havre lointain
Afin d’y enterrer sa vie de vagabond.

Aujourd’hui je perçois un appel qui m’entraîne
Sur la piste sacrée d’une amitié bien rare
Et je cherche la clef pour m’enfuir du Tartare
Où je me suis blottie pour étouffer ma peine.

Cette nuit j’ai humé un parfum de bonheur
Mais je n’ai pas compris qu’il pouvait se sauver :
Son calice divin ne viendra m’abreuver
Que si je remédie bien vite à cette erreur.

Attends-moi patiemment à l’ombre d’un buisson
Toi mon prince inconnu, mon mystérieux émir ;
Sans perdre un seul instant je cours vers l’avenir
Car l’amour est changeant, sauvage et vagabond.

                10 Octobre 1969

DES VŒUX ENSOLEILLES

Quand paraît le soleil dans le clair horizon
Il caresse gaiement de ses tendres rayons
Nos visages sereins imprégnés de lumière
Et il fait scintiller les larmes des rivières.

Cet astre somptueux qui perce les nuages
Parvient à réchauffer le sable de nos plages
Où les trésors enfouis parmi les coquillages
Contiennent des secrets fascinants et sauvages.

Les enfants chaleureux de notre colonie
Sont autant de soleils qui réchauffent la vie
Et lorsque l’amitié hier nous a conquis
Elle dépose en nous des souvenirs exquis.

Mais alors que l’été sans bruit nous a quittés,
Que le temps envolé nous a tous séparés
Et que ce jour d’automne a des embruns amers,
Je te dédie ces vœux de délices sincères.

                           29 Septembre 1969

VOYAGES CELESTES

Je survole les nuits de ma ville endormie
Et nourrissant mon cœur de rêves fantastiques
Je me laisse griser par la paix infinie
Qu’offre le crépuscule aux esprits romantiques.
O délices exquis, vous venez m’enlever
A la mélancolie d’un été sans saveur
Afin que mon cœur las se consume à rêver
Au sein d’un univers débordant de douleur.
Quand vient l’ombre du soir des nuées d’anges blonds
Venus je ne sais d’où voltigent sous mes yeux ;
S’envolant aussitôt dans le vaste horizon,
Ils m’emportent au loin vers de limpides cieux
Et me donnent la clef qui mène au paradis.
Sitôt franchi le seuil j’entrevois des jardins
Où fleurissent en paix de merveilleux amis,
Des parterres de fleurs peuplés d’oiseaux divins
Qui sèment sur nos nuits des éclairs de magie.
Parsemé d’un tapis aux multiples éclats
Cette oasis d’espoir m’attire sur son lit
Moelleux et parfumé qui frémit sous mes pas.
Mais au petit matin, sitôt les yeux ouverts,
Je retrouve sans joie les parfums indigestes
Qui transforment mes jours en de sombres déserts
Et dirigent ma vie vers des festins funestes.

                29 Juillet 1969

TRISTE ERRANCE

La tempête a gommé de mon esprit,
En un souffle vigoureux et mortel,
L’ultime trace d’un désir interdit
Qui m’imprégnait d’un bonheur irréel.

Je fuis l’enfer, ce violent adversaire :
Sur des chemins inondés de poussière
Je marcherai  craintive et solitaire
Vers un jardin aux parfums de bruyère.

Quand pourrai-je revoir cette lueur
Scintillante dans un soleil joyeux
Qui, jadis, faisait chavirer mon cœur
Et l’embrasait sous son ciel lumineux ?

Hier ma volonté m’a emportée
Vers des paradis féconds et angevins ;
Aujourd’hui ma douleur m’a déportée
Vers des récifs, séducteurs assassins.

Et si mon cœur égaré sans défense
N’a plus les embruns d’un doux élixir
Rien  ne pourra annuler la sentence
Qui l’entraîne vers un sombre avenir

Ce sinistre sort me happe et m’enchaîne
Sous un immense rempart de silence,
Mais mon esprit combatif se déchaîne
Contre les méfaits d’une triste errance.

                         15 Juillet 1969

LE TEMPLE DES DELICES

Le soir a déposé son grand voile nocturne
Et le jour a fait place aux multiples mystères
Des objets endormis sur les sols fructifères
Que nos aïeux ont inondé de leur fortune.

La vision des grands bois impressionne et anime
Mon esprit amoureux des grandes solitudes :
Parfois je me complais à fuir les platitudes
D’une vie sans relief qui souvent me déprime.

O rêves parfumés qui régnez en mon cœur,
Naissez, croissez, vivez et nourrissez mes nuits,
Ne m’abandonnez point dans un sombre puits,
Parsemez mes journées de désirs en couleur.

Mon âme purifiée par ces instants propices
S’élève allègrement dessus les verts feuillages
Afin de s’enivrer des émouvants ramages
Des oiseaux enchanteurs du temple des délices.

Et mon corps engourdi par un tendre sommeil
Choiera sur un tapis insensible aux hivers
Tandis que mon esprit survolant l’univers
S’en ira chevaucher un rayon de soleil.

Adieu vie condamnée à un destin funeste
Je te quitte à jamais pour un lieu romantique
Où je m’imprègnerai d’images fantastiques
Qui nourrissent les cœurs de leur manne céleste.

                         13 Juin 1969

UN NAUFRAGE ANNONCE

Dans son ardente parure de sang,
Berceau secret des rayons étoilés,
Le soleil donne à mon cœur esseulé
Un tendre élixir sauvage et puissant .

Il m’abreuvera dans le grand voyage
Où j’emporterai mon corps douloureux ;
Messager d’espoir, prince chaleureux,
Nul n’affaiblira son précieux hommage.

Mais si mon exil s’achève en défaite
J’espère échapper aux feux de l’enfer,
Entendre vibrer les voix du désert
Qui m’inspireront malgré la tempête.

Je découvrirai un sombre rivage :
Pluie, grêle et autan me réveilleront,
Mon cœur faiblira, mes peurs renaîtront,
Les cieux courroucés frémiront de rage.

Mon corps lacéré par cet ouragan
Bientôt cèdera sous les nombreux coups
D’un vent déchaînant sa horde de loups
Qui m’ouvrent l’accès au grand châtiment.

Et lorsque naîtra le dernier orage,
Lassée d’une vie sans joies et sans fleurs,
Je libèrerai toutes mes rancoeurs
Avant d’embarquer pour mon grand naufrage.

                                9 Juin 1969

DANS L’ONDE DES BONHEURS

Elle me reviendra ma timide gazelle
Après un long voyage empreint de majesté ;
Elle viendra m’aider de sa force nouvelle
En brisant les glaçons dont mon cœur est lesté.

La couche verglacée dont les bruits me désolent
Hier s’est effacée sur les vastes prairies
Aussitôt submergées de fleurs qui caracolent
Et me font espérer de proches embellies.

Tous ces instants féconds en songes fantastiques
Resteront à jamais incrustés dans mon âme
Et ils m’inspireront des charges héroïques
Destinées à chasser tout imposteur infâme.

Demain je dormirai sur un lit verdoyant
Recouvert d’un linceul aux multiples senteurs
Et mon âme traquée fuira vers l’océan
Afin de se noyer dans l’onde des bonheurs.

                                  23 Mai 1969

NUITS SANS ETOILES

Un étrange frisson a parcouru mon corps
Affligé par les coups qui affectent ma vie
Et je dois supporter le feu qui me dévore
Et m’inflige l’assaut d’une lente agonie.

En un infime instant mon regard s’est perdu
Dans une immensité constellée de violettes
Et le temps d’un soupir un désir inconnu
A investi mon cœur comme une armée secrète.

Mais l’espérance a fui dans l’enfer de la nuit :
Mon âme s’est vidée, mon cœur est un désert,
Un vague désespoir succède à mon ennui,
La vieillesse qui vient semble un fruit bien amer.

Puis mon cœur s’engourdit plongeant dans le sommeil,
Habile protecteur des chagrins et des peines,
Mais il n’oubliera point à l’heure du réveil
Quels êtres sans honneur ont fait naître ma haine.

Nuits aux rêves obscurs vous régnez sur mes jours :
Je viens vous supplier du quai de mon malheur
D’insuffler à mon cœur l’intuition de l’amour
Et de me susurrer des leçons de bonheur.

Mais quand jaillit le jour, lorsque les ombres fuient,
Je retrouve les peurs qui ne me lâchent plus
Et me tiennent rivée aux terreurs de la nuit,
A ces masques conçus par des anges déchus.

                           23 Avril 1969

JE VOUDRAIS

Je voudrais que la mort
M’inonde et me dévore
En libérant mon corps
D’un destin que j’abhorre.

Je redoute la vie
Qui installe mes jours
Dans un vide d’amour
Rempli d’intempéries.

Je souhaite embraser
Mon esprit indécis,
Chanter la mélodie
De mes rêves brisés.

Je voudrais exprimer
Ma terrible rancœur
A ces êtres sans cœur
Qui m’ont tant opprimée.

Mais ce grand désespoir,
S’il traverse le temps,
Atteindra seulement
Les ailes d’une histoire.

Si un dieu s’aventure
Aux confins de mon âme
Il éteindra la flamme
Eclairant mes blessures.

Alors j’irai sceller
Sans haine ni regrets
La fleur de mes secrets
Trop prompte à s’exhaler.

Puis j’irai m’étioler
Au jardin des soupirs
Et seuls mes souvenirs
Pourront m’y consoler.

        9 Avril 1969

MON ÂME EST DANS LA NUIT

Mon âme est lacérée par les nombreux sévices
Qui en exacerbant la douleur qui m’égare
Me jettent violemment au cœur d’un sacrifice
Où mon corps innocent a rompu ses amarres.

Mon cœur est submergé par d’ignobles souffrances
Et suffoque au contact d’une sombre prison ;
Baigné par un torrent chargé d’intolérance
Il aspire à venger l’impitoyable affront.

Mais avant que la mort puisse me libérer
Je voudrais proclamer mon entière innocence
A ces êtres malsains qui ont su attirer
Tant de maux pernicieux sur mon corps sans défense.

Dans un souffle plaintif mon esprit las tressaille :
Sous les crocs acérés lâchement enfoncés
Dans les anciennes plaies qui brûlent mes entrailles
Je plonge vers la nuit qui vient de s’annoncer.

                                  19 Mars 1969

LE ROYAUME INTERDIT

Mon esprit abreuvé de grande lassitude
Recherche en dérivant sous de furieux orages
Le royaume égaré dans un champ de nuages
Venus anéantir mes quelques certitudes.

Je pars en ignorant où mes pas incertains
Pourraient me libérer des fers de mon chagrin ;
J’aspire à m’engager sur un plus doux chemin
En fouillant l’horizon de mes yeux presque éteints.

Le soleil, tout au loin, inonde le jardin
Qui va se déployer sous mes pieds douloureux ;
Je crois apercevoir les reflets lumineux
Du temple généreux où l’espoir vit sans fin.

Je m’empresse aussitôt vers ce site apaisant
Où j’espère trouver un accueil chaleureux ;
Je voudrais m’exiler à la source du feu
Qui me délivrera d’un destin inquiétant.

Je voudrais pénétrer en ce lieu protecteur
Et pouvoir m’y nourrir des douceurs de son sol,
Je voudrais que ma vie prenne un nouvel envol
Afin qu’un arc-en-ciel vienne inonder mon cœur.

Je guetterai alors le prince de ma mort,
Le dieu qui m’étreindra de ses froides passions ;
Je fuirai Lucifer et ses machinations
Pour aller m’enchaîner au port où l’on s’endort.

                              12 Mars 1969  

AME DAMNEE

Des grêlons ont cinglé sur mon âme transie
Et ce puissant fracas fait de perles guerrières
A criblé mon esprit humilié par la vie
De cristaux transformés en larmes meurtrières.

Terrassée sous les crocs d’un sombre précipice,
Dominée par des coups qui brisent toute joie,
Elle va subissant les nombreux maléfices
Des apprentis sorciers dont elle est une proie.

Ce grand égarement est un cruel présage :
C’est un nouvel envol vers l’antre de la mort
Qui me fera sombrer dans l’inique naufrage,
Dans  le dernier sursaut de mon corps qui s’endort.

Bientôt tu parviendras sans doute à me pousser
Dans l’ignoble prison de ta propre démence,
Mais il ne sert à rien de vouloir t’empresser
A me faire céder sans nulle résistance.

Demain je lutterai jusqu’au seuil du trépas,
Mon esprit survivra à l’éprouvant supplice
Qui le façonnera pour lui servir d’appas
Et le fera errer au champ du sacrifice.

Hanté par les éclats d’un injuste courroux
Qui presque à chaque instant ont pu m’empoisonner
Tu viendras supplier en faisant les yeux doux
Espérant que le temps saura te pardonner.

Nourrie d’un doux espoir j’aimerais parcourir
La voie des émotions si longtemps espérées ;
L’espace d’un instant je voudrais éprouver
D’intenses sensations jusqu’alors ignorées.

                       19 Février 1969

LIBERTE EN PERIL

Ma pensée dépérit dans l’énorme prison                                                                                                  Qui retient enchaînée ma fragile existence ;
Elle tâche à trouver un projet d’évasion
Afin de chevaucher une onde d’espérance.

Il lui faut se jeter sur les barreaux de fer,
Insensibles auteurs d’une grande détresse,
Et détruire à jamais les présages pervers
Qui vont l’emprisonner dans une forteresse.

Elle tombe meurtrie sous les assauts immondes
Qui lui donnent sans fin des hordes de sauvages ;
Perdue dans cet enfer, amère et vagabonde
Elle voudrait voler vers de nouveaux rivages.

Un éclair aveuglant a percé les ténèbres
Où se sont envolées mes funestes pensées ;
Mais voici que j’entends une marche funèbre
Qui me glace le sang sur un rythme insensé.

Ma pensée est vaincue par un monde malsain
Et mon cœur lacéré s’enfonce dans la nuit
Submergé par mes pleurs qui s’épanchent sans fin
Sur le spectre damné d’un bonheur qui s’enfuit.

Adieu monde cruel, adieu démons infâmes,
Mon destin est brisé, mon cœur est en péril,
Vous avez mutilé et humilié mon âme
Tout en me contraignant à survivre en exil.

                        20 Janvier 1969   

DES LARMES DANS LA NUIT

L’année s’est achevée sur des rêves brisés
Et comme un mort-vivant sur le fond d’un  miroir
Une autre a commencé, sans l’ombre d’un espoir,
Imprimant dans mon cœur de terribles nausées.

Pourquoi me redonner de vaines espérances
Si personne ne vient m’apporter son secours ?
Pourquoi devrais-je croire aux paroles d’amour
Quand tous ont refusé d’entendre ma souffrance ?

Perdue dans mes pensées, me forçant à sourire,
J’ai reçu sans broncher des paroles d’espoir
Aussitôt transformées en un grand désespoir
Que l’espace et le temps ne peuvent point occire.

J’ai récité à mon tour ces mots sans saveur
Refoulant dans mon cœur un éternel dégoût
Et, voulant éviter l’immanquable courroux,
J’ai préféré donner l’illusion du bonheur.

Mais la nuit est tombée dans la mélancolie,
Je me suis effondrée près du lit, à genoux ;
Et dans l’obscurité j’ai senti sur mes joues
Couler abondamment des larmes de dépit.

Puis je me suis couchée car mes yeux douloureux
A force de pleurer s’éteignaient peu à peu ;
En sentant la colère en mon cœur prendre feu
J’ai cherché à gommer ces moments désastreux.

                   3 Janvier 1969

STERILES PENSEES

Les ténèbres transpercent l’horizon,
Mon âme ténébreuse et incertaine
Submergée par un océan de peine
Se brise sur les murs de sa prison.

J’envie parfois ceux qui, dès le matin,
Foulent à deux la voie de la tendresse
Et je me sens imprégnée de tristesse
Car chaque jour m’instille son venin.

Où sont passés les embruns de la joie ?
Je m’étourdis aux senteurs de l’ennui
Et je pars, seule, en cherchant dans la nuit
L’enthousiasme qui s’est éteint en moi     

Pourquoi vouloir à tout prix résister
A la sordide emprise du malin ?
J’ai pénétré dans un monde incertain
Où nul amour ne pourrait subsister.

Je voudrais croire en ces instants radieux
Qui posent sur nos innombrables peurs
Des tourbillons de rêves en couleurs
Ces arcs-en-ciel qui vénèrent les cieux.

Mais ces pensées ont un goût d’inutile :
Cette vision ne pourra s’accomplir
Car mon esprit condamné à souffrir
A renoncé à tout rêve stérile.

          19 Décembre 1968     

DEROUTE DE L’ESPOIR

A travers la froideur d’un fin rideau de brume
J’ai perçu la douceur des rayons du soleil
Qui réchauffent les corps engourdis de sommeil
Et narguent en riant chaque maison qui fume.

Dès le petit matin, aussitôt le lever,
J’ai senti sur mon cœur un voile de tristesse
Et je me suis enfuie dans un élan d’ivresse
Vers un havre perdu où j’espérais rêver.

Je me suis enfoncée dans l’immense marais
Où mes pas incertains ont daigné m’emporter ;
Brisée par un fardeau trop lourd à supporter
Je me mis à haïr ce qu’hier j’adorais.   

Voulant à tout jamais rompre avec mon passé,
Ne trouvant nulle part le repos espéré,
J’ai vite abandonné ce lieu pestiféré
Où lasse de la vie je n’ai point trépassé.

J’ai alors écourté ma douloureuse errance
Et m’en suis retournée au lieu de mon naufrage ;
Dans mon cœur ulcéré j’ai fait naître l’orage
Dont je ressens souvent la cruelle puissance.

Mon esprit aujourd’hui est toujours en déroute :
Songeant avec effroi au destin qui m’attend,
Je devine déjà les signes menaçants
Qui, me privant d’espoir, me plongent dans le doute.

Mais avant que ma peur savoure sa victoire
J’ai senti tout à coup mon âme s’enflammer :
J’ai rêvé d’Apollon venu me ranimer,
D’une source d’amour où demain j’irai boire.

Du fond de ma prison j’attendrai vaillamment
Tout en imaginant chaque instant de ce jour
Où germera en paix le nectar de l’amour,
Où mon cœur s’ouvrira à de doux sentiments.

                            24 Novembre 1968

B A B E T H

Mon cœur gonflé d’espoir caracole gaiement,
Mon esprit pétillant gambade comme un lièvre
Et mon âme ravie se délecte avec fièvre
D’une jeune amitié qui gomme mes tourments.

Je me sens assaillie par des pensées sereines
Qui éclosent au jour pour assécher mes pleurs,
J’ai entendu des sons aussi doux que des fleurs
Qui m’ont fait oublier les sources de mes peines.

Malgré ce long exil que l’on m’a imposé
Toi, mon amie Babeth, tu me fais espérer ;
Tes mots de réconfort ont pu me libérer
De mes rêves obscurs qui m’ont tyrannisée.

Lorsque je me sens mal tu sais me soutenir
Pour vaincre les chagrins qui contrarient ma vie ;
Tu chasses les pensées qui hantent mon esprit,
Tu dissipes les peurs qui viennent m’assaillir.

Quand tu me vois plonger sous le pont des soupirs
Pour m’enliser plus loin dans un banc de tristesse
Tu viens me mitrailler ces bouffées d’allégresse
Qui éclairent le cours de mon frêle avenir.

Jamais je n’oublierai cette aide fraternelle
Qui parsème mes jours de rêves en couleurs,
Ma raison affaiblie par des flots de douleur
Pourra se préserver de mes élans rebelles.

Lorsque nous choisirons des chemins différents
Il nous faudra partir, sans craindre de vieillir,
Sur la piste imposée que l’on nomme avenir
Où nous pourrons graver le plus beau des serments.

Ce pacte d’amitié de notre adolescence
Restera à jamais au fond de ma mémoire ;
Tes propos apaisants m’ont emplie d’un espoir
Pouvant me préserver de la désespérance.

                        6 Novembre 1968