mercredi 21 décembre 2011

L’ENFANT DU FUTUR

Dors mon doux et merveilleux angelot,
Dors en paix dans ton ravissant berceau,
Rêve en secret de ta douce maman
Qui te protège et t’aime infiniment.

Oublie tes peurs et balaie ton chagrin
Les jolies fées veillent sur ton destin ;
Laisse-toi emporter jusqu’au matin
Dans l’océan des songes enfantins

Lorsque la nuit reperdra ses couleurs
Tu t’éveilleras le sourire au cœur
Et tu m’appelleras en gazouillant
Pour rêver dans mes bras quelques instants.

Puis nous admirerons comme un festin
Dans la douce quiétude du matin
Les dernières empreintes de la nuit
Et la lune mystérieuse qui fuit.

                         27 Mars 1968

DES REVES INNOCENTS

Face au grand vent qui ce soir se déchaîne,
Poursuivie par d’indomptables chagrins,
Je fuis au loin pour égarer ma peine
Et réparer le fil de mon destin.

Je ne sais où me guideront mes pas
Car ailleurs aucun ami ne m’attend,
Mais je préfère éviter le combat
Puisqu’en ce lieu le bonheur  est absent.

Je vois au loin deux clochers qui se dressent :
Majestueux ils dirigent leur flèche
Vers les nuées que les astres caressent
Pour éviter que le ciel ne s’assèche.

Ce doux tableau me redonne confiance ;
Presque assoupie je me sens libérée
Et quelques images de mon enfance
Reprennent vie en venant m’inspirer.

Mon esprit se prépare à livrer des batailles,
A affronter d’innombrables tourments
Qui font jaillir d’invisibles murailles
Pour m’aveugler et briser mon élan.

Je lutterai pour trouver le jardin
Où fleurissent l’amitié et l’amour ;
Quelqu’un viendra me prendre par la main
Et mon bonheur renaîtra chaque jour

                    27 Janvier 1968

DES REVES D’EVASION

Une folle pensée me traverse l'esprit
Et m'incite à quitter cette étrange prison :
Pourrais-je m'éloigner de ce faux paradis
Et chercher la douceur d'un nouvel horizon ?

Je ne puis deviner les élans de mon cœur
Lorsque ma liberté deviendra ma complice ;
Saurai-je retrouver le sentier du bonheur
Sans jamais m’égarer dans des rêves factices ?

Je l’attends patiemment ce frisson merveilleux
Qui viendra balbutier sur mon cœur chancelant
Et j’admire là-haut dans les jardins des cieux
Les astres flamboyants voguant au firmament.

J’entends battre mon cœur aussi fort qu’un tambour
Et je nourris l’espoir de quitter cet enfer :
Lorsque s’élèvera la lumière du jour
Le soleil brisera les fers qui me lacèrent.

                              28 Novembre 1967       

PARADIS

Le soleil envoûtant dans son habit royal
Descend me caresser de ses bras séduisants :
Sa chaleur me poursuit dans un ballet nuptial
Jusqu’au temple boisé, habitacle apaisant,
Où des milliers d’oiseaux m’offrent leur récital.
Cet accueil un peu fou me saisit en plein cœur,
Ma douleur disparaît sous sa pierre tombale
Et mon âme attendrie se soumet au bonheur.
Des rames ça et là étendent leurs longs bras
Et viennent effleurer mon corps meurtri et las ;
Je me sens ranimée par la douce fragrance
Des muses chevauchant l’empire éternité
Où ruissellent sans fin ce flot de liberté
Qui jaillit sur mon cœur en vagues d’espérance.

                            23 Août 1967

LIBERTE EN DANGER


Sous le regard perçant des étoiles en peine
Je quitte le terroir qui a comblé mon cœur,
Ce pays qui parfois m’a offert du bonheur
En me donnant ses fleurs et l’ombre de ses chênes.

Je pars sans un regret vers un lointain rivage
Où mon âme en  exil calmera sa douleur ;
Mes yeux cherchent au loin la barrière où la peur
Cessera de vibrer au rythme des orages.

Mon cœur n’accepte plus ce pouvoir quotidien
Des hommes qui, demain, enchaîneront mes droits :
Cruels et vaniteux ils imposent leurs lois
Croyant qu’à chaque instant ma vie leur appartient.

Un jour je reviendrai réveiller mon enfance,
Les instants écourtés qui m’ont fui lâchement ;
Lorsque scintilleront les feux du firmament
Je redécouvrirai le sens de l’espérance.

Je vous dis « au revoir » car je hais les adieux ;
Jamais je n’oublierai la passion de mes jours
Et j’irai fredonner durant mon long parcours
L’ardente mélopée que m’inspirent les cieux.

Lorsque je parviendrai à rêver en couleurs
Et que j’aurai trouvé l’authentique tendresse
Je laisserai périr ma profonde détresse
Et j’irai réclamer une part de bonheur.

16 Août 1967

ADIEU MA FORET


 Insatiable bourreau de ma douce forêt,
Toi qui répands son sang sur le sable d’or fin,
N’as-tu donc point pitié de ses bois éplorés
Qui n’hébergeront plus mes amis en leur sein ?

Je n’irai plus rêver sous l’accueillant ombrage
Des arbres généreux au séduisant feuillage,
Je n’y entendrai plus le vigoureux ramage
Qui emporte l’esprit vers de spacieux rivages.

Géants au tendre cœur, refuges complaisants,
Qui pourra vous venger de ce terrible outrage ?
Ma peine est infinie car ce temple imposant
Bientôt ne sera plus qu’un fragile mirage.

Je ne répondrai plus à l’appel sibyllin
Des muses évincées de ce lieu profané ;
Lorsque s’accomplira le tragique destin
Je verrai ma forêt à jamais condamnée.

Mais rien dans l’immédiat ne pourra remplacer
Ce paisible bonheur doux comme un arc-en-ciel :
Et si je trouve un jour l’amère panacée
Je cacherai mes plaies sous un onguent de fiel.

                          28 Juillet 1967 

L’OISEAU AMI DES FLEURS

Entends-tu s’élever de l’antique sous-bois
Le murmure incessant de l’oiseau mystérieux ?
Le silence est troublé par cet air mélodieux
Qui emplit mon esprit de ravissants émois.

Messager audacieux d’un immense jardin
Où il trouve la paix sur un tapis de fleurs ,
Ce prince des hauts lieux sait entendre leur cœur
Qui s’épanche gaiement dans un chant cristallin :

« Toi qui es devenu un ami de toujours
Bientôt tu t’en iras vers d’autres horizons
Et tu emporteras de notre humble maison
La chaleur et la joie qui éclairent nos jours.

Lorsque tu reviendras nous aurons disparu
Car notre destinée a un cours éphémère,
Mais nous déposerons sur le lit de la terre
Le parfum dont ton cœur jusque-là s’est repu.

Puis tu nous offriras, le temps d’une caresse,
Les refrains langoureux de quelques mélodies
Qui viendront réchauffer d’une nouvelle vie
Le corps déjà flétri des fleurs de ta jeunesse.

Alors viendra le temps d’une autre renaissance
Et tu verras danser au pied des arbrisseaux
Tant de jeunes beautés embaumant nos tombeaux
Pour que tu n’oublies pas les fleurs de ton enfance ».

                          19 Juillet 1967

UNE ETREINTE ETERNELLE

Il fait beau, c’est l’été : les hymnes captivants
Qui s’échappent des bois se perdent dans la lande ;
Assis au pied d’un pin au long corps frissonnant
Deux amants sont bercés par ces chants qu’ils entendent.

Tendrement enlacés dans ce vibrant tableau
Ils admirent sans bruit le vol des libellules
Avant que sur l’azur se dépose à nouveau
Le voile trop obscur du prochain crépuscule.

Lorsque tombe la nuit, leurs deux corps enlacés
Se reflètent dans l’eau d’un étang cristallin
Et chacun peut les voir, sur un tronc adossés,
Le visage tourné vers ce miroir divin.

On n’entend aucun bruit : seul le spectre du vent
Qui plonge en rugissant dans le bruissant feuillage
Se transforme aussitôt en un tendre serment
Que les deux amoureux reçoivent en hommage.

Dans la nuit parfumée les amants se redressent :
Leurs deux corps rapprochés dans l’ombre qui s’éteint
Augmentent la magie de cette nuit d’ivresse
Qui a la pureté d’un bonheur enfantin.

Puis au petit matin les ombres se retirent ;
Se tenant par la main les amants disparaissent
Dans le temple secret des songes d’avenir
Qui les recouvrira d’un voile de jeunesse.

Jamais je ne pourrai oublier le bonheur
De ces jeunes héros rayonnants de beauté ;
Imprégnés d’un halo d’éternelle douceur
Tous deux se sont étreints devant l’éternité.

                    12 Juillet 1967